1992: Chicago au sommet
La NBA embarque dans cette saison '91-'92 en sachant parfaitement que les places pour la Dream Team se gagnent... A l'ouest Portland se détache rapidement, avec les seuls Jazz d'Utah de Malone et Stockton pour concurrents... Ca chauffe comme d'habitude plus à l'est mais Chicago fait la meilleure saison de son histoire et se place en favori pour les playoffs... Dans ceux-cis ils vont connaître pourtant les pires difficultés pour se défaire des Knicks de New-York qu'ils affrontent au deuxième tour. Les Knicks ont un basket fort en bras et en gueules, ils sont coachés par Pat Riley, adepte du jeu "gros bras", et possèdent des pivots dominants qui manquent singulièrement à Chicago, avec en premier lieu leur pivot Patrick Ewing. Les Knicks gagnent le premier match à Chicago, les Bulls répliquent en remportant le troisième à New-York, et il faut aller jusqu'au septième match pour que Jordan et ses copains se sortent du piège... Dans le même temps, Larry Bird dispute son dernier combat: encore une fois titanesque, il pousse les Cavaliers de Cleveland jusqu'au bout de leurs forces mais les Celtics s'inclinent en fin de compte: Larry n'a plus qu'une dernière médaille d'or à aller chercher, sous le maillot national... En finale de conférence Cleveland fait encore des siennes en allant gagner le match 2 à l'United Center mais Jordan, à qui cette équipe réussit bien, a tôt fait de remettre les pendules à l'heure et les Bulls s'imposent en six matchs. A l'ouest la bataille est moins rude mais tout aussi spectaculaire, et les Trailblaizers de Portland, au jeu "haut" et spectaculaire, confirment leur statut de favoris, battant les Jazz en finale 4 victoires à 2: Malone et Stockton devront encore patienter...
La finale!.. Elle était annoncée belle et spectaculaire entre deux équipes connues pour leur jeu agréable et offensif. On ne savait pas à quel point on serait servis... Ce fut à un moment d'anthologie que nous assistâmes! Le match 1, à Chicago, fut peut-être le plus parfait qu'aient jamais joués le Bulls (du moins à cette époque): après un début de match tonitruant des Blaizers qui eurent huit points d'avance en premier quart-temps Jordan enchaîna huit paniers à trois points consécutifs! Trente cinq points en une mi-temps (la première), record toujours d'actualité, trente neuf à l'arrivée, et un troisième quart-temps où l'omniscience des Bulls sembla totale. Pippen ne fut pas en reste, qui marqua vingt quatre points et prit neuf rebonds, et malgré des Blaizers jamais résignés le score final fut à ce point hallucinant: 122 à 89 pour Chicago. Match 2: pouvait-on faire mieux? Oh que oui on pouvait, et Portland, bien décidé à gagner à l'extérieur, prit les affaires en mains, dans un maelström de jeu ahurissant de part et d'autres. Les Blaizers menaient de neuf points à la mi-temps, puis Chicago se réveilla, passa devant, mena de onze points à quatre minutes de la fin, et Clyde Drexler, la star des Blazers qui avait marqué vingt six points, sortit pour six fautes. C'était plié... Eh bien non! Car un joueur sortit de l'ombre à la surprise générale et s'avéra être le sauveur des Blaizers: l'ancien des Celtics de Boston, Danny Ainge qui enaîna les paniers à trois points, permit aux Blazers de décrocher le prolongation dans laquelle il fut une nouvelle fois décisif: victoire 115 à 104 et égalisation. Direction le Memorial Coliseum et le match 3 qui vit un premier quart-temps de feu et de flammes, les Bulls menant de huit points...et puis plof! Tout s'arrêta: le jeu, les joueurs, le rythme, et le match se termina dans un ennui total, mais avec néanmoins une victoire 94-84 de Chicago qui repris l'avantage et réussit le gros coup de gagner à l'extérieur après une défaite à domicile... Le rythme change radicalement et le bonheur revient au galop lors du match 4. Ce match est l'un des plus savoureux à regarder, avec un début de match tonitruant des Bulls qui font le break sans même que les Blaizers aient compris ce qui se passait... Et puis tout doucement ça revient, ça grignote, ça regagne la mi-temps avec juste trois points de retard... Et ça repart de plus belle en troisième quart-temps, avec des Bulls qui font un
nouveau break et des Blazers qui reviennent une
nouvelle fois au score. Jordan est en forme, Drexler aussi qui prend lentement mais sûrement le pouvoir, aidé par un Danny Ainge
encore décisif. Et comme à l'intérieur Portland commence à dominer le résultat s'impose comme une évidence: les Blazers égalisent à deux victoires partout en s'imposant 93-88. Match 5. Que dire de ce match sinon qu'il est le plus extraordinaire mariage entre le basket et l'aviation que j'aie jamais vu?.. Ca vole de partout! Des dunks en veux-tu en voilà, un ballon qui semble ne jamais toucher terre, des alley-ups du feu de dieu, des claquettes d'apesanteur! Ce spectacle permanent offert par les deux équipes fait totalement oublier que du suspense...il n'y en a pas véritablement eu: quarante six points de Jordan, vingt quatre points, onze rebonds et neuf passes pour Pippen, contre certes trente points pour Drexler mais qui ne put pas rattraper à lui tout seul un premier quart-temps en coup de massue et des Bulls irrésistibles. Chicago s'imposa 119 à 106: il avait gagné deux fois à l'extérieur, restait à conclure à l'United Center... Mais Portland n'en voulait pas de cette fin-là! Drexler et Kersey marquèrent vingt quatre point dans le match 6, les Blazers menaient de quinze points après trois quart-temps dans un match une nouvelle fois sublime à voir (et pas "fou-fou": cette finale eut cette particularité de se "resserrer" à la fin de chaque matchs, montrant que les deux équipes étaient bien conscientes de l'enjeu...), et puis Chicago sortit de sa torpeur: Jordan marqua trente trois points, Pippen mit les Blazers proprement sous l'étouffoir en défense, B.J. Armstrong et John Paxon enchaînèrent les tirs extérieurs décisifs, et les Bulls s'imposèrent 97-93, rempotant ainsi 4 victoires à 2 cette finale sublime, dont seuls les trois derniers quart-temps du match 3 avaient été décevants. Mais coup de chapeau aux deux équipes! On attendait tellement de cette finale que la déception était "écrite", et bang! Non-seulement nos attentes furent satisfaites, mais côtoyèrent nos plus beaux rêves! Le seul regret est que désormais ce monument est occulté par la seule performance de Jordan dans la première mi-temps du match 1: il serait peut-être temps de nous souvenir du reste car elle fut, de loin, la plus relevée de la première partie de l'ère Jordan (bien meilleure que celle de '93 sur laquelle nous allons revenir sous peu)...