Les irréductibles de Lost
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Histoires de sport

2 participants

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1Histoires de sport Empty Histoires de sport Jeu 22 Aoû 2024 - 4:28

Sudena

Sudena

Jochen Rindt: l'étoile oubliée


Parmi les grands pilotes de l'histoire de la F1, plusieurs sont entrés dans la légende collective et sont connus au-delà du mundillo du sport automobile. Ayrton Senna, Juan Manuel Fangio, Alain Prost, Michael Schumacher, Lewis Hamilton, Jackie Stewart, Niki Lauda, en font partie. Mais il en est un que le destin a empêché d'avoir la postérité qu'il méritait. Un dont, pourtant, l'importance fut plus que déterminante et dont le destin mériterait à coup sûr un film ou un roman. Je veux parler du génial dandy autrichien Jochen Rindt... Dans le merveilleux film Rush (le meilleur film_ et de loin _ sur la F1 et le plus grand chef d'oeuvre de Ron Howard avec Apollo 13 et Frost/Nixon), l'une des rares scènes travestissant la réalité est celle où, juste avant le tragique Grand Prix du Nürbugring, un fan demande à Niki Lauda de dater la photo de lui qu'il lui dédicace, arguant qu'il s'agit peut-être de la dernière... En réalité, ce fan n'avait pas demandé au pilote de dater la photo: il lui avait demandé de lui dédicacer une photo de la tombe de Jochen Rindt... Ce travestissement (de même que l'omission volontaire du nom de Cevert dont on évoque pourtant clairement l'accident) s'explique par la nécessité de recentrer l'intrigue sur les deux protagonistes principaux, en particulier Lauda que le Grand Prix d'Allemagne de l'Ouest du 1er août 1976 a laissé à tout jamais défiguré: en évoquant franchement Jochen Rindt, il aurait fallu parler de cet extraordinaire pilote et de son tragique destin, ce que le film ne pouvait pas se permettre de faire (de la même façon qu'il a ignoré les enjeux politiques et financiers du dernier Grand Prix de cette phénoménale saison, à Suzuka...). Je propose ici de réparer cet oubli et de parler de l'histoire de Jochen Rindt, de ses amis, de ses rivaux, de ce qu'il fit...et d'une promesse qu'il ne put jamais tenir...

2Histoires de sport Empty Re: Histoires de sport Jeu 22 Aoû 2024 - 5:01

Sudena

Sudena

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3Histoires de sport Empty Re: Histoires de sport Jeu 22 Aoû 2024 - 10:58

Sunil

Sunil
Administrateur

Chouette, Sudena est de retour !
Merci pour tes histoires vraies toujours passionnantes.

http://lost-forever.forumactif.org

4Histoires de sport Empty Re: Histoires de sport Jeu 22 Aoû 2024 - 22:30

Sudena

Sudena

Un caractère bien trempé



C'est le 18 avril 1942 que Jochen Rindt naît, à Mayence, en pleine Deuxième Guerre Mondiale. Un peu plus d'un an après, il perd ses parents dans un bombardement allié et est recueilli par ses grands-parents, près de Graz. Elevé en Autriche, il portera donc la nationalité autrichienne. Chez les Rindt, l'argent ne manque pas et Jochen vivra donc une enfance et une adolescence dorées où il aura le temps de connaître ses passions et d'affirmer sa personnalité: il est turbulent, brut de décoffrage, sûr de lui, mais aussi très intelligent, fiable, et fidèle en amitié. Très vite, il se découvre une passion pour le sport automobile et participe régulièrement à des championnats junior où il fait montre d'un indubitable talent. En 1963, il rencontre Nina Lincoln, un mannequin finlandais, elle aussi fille de bonne famille et au caractère bien affirmé... Entre eux, une passion naît, aussi brûlante qu'absolue. Ils se fiancent quelques mois plus tard. Mais leurs emplois de temps respectifs les contraint à de longues périodes de séparation, que ni l'un ni l'autre n'a l'intention de "tempérer"... La rupture est consommée et Nina lui renvoie sa bague de fiançailles, bague...que Jochen lui renvoie aussi sec en lui disant qu'elle peut se la garder... Comme on le voit, le jeune Jochen Rindt n'a pas un caractère conciliant, ce qui tout à la fois peut présenter des avantages _ car il saura, pour sûr, se faire respecter!.. _ mais aussi poser quelques problèmes dans ce sport très hiérarchisé qu'est la course automobile. Lorsqu'il fait ses grands débuts en Formule 2, en 1964, Rindt sait qu'il va devoir faire ses preuves... Et ses débuts vont être absolument tonitruants!..

5Histoires de sport Empty Re: Histoires de sport Sam 24 Aoû 2024 - 1:59

Sudena

Sudena

Des débuts prometteurs...mais difficiles



Dès sa deuxième course, Jochen Rindt réussit un coup d'éclat sensationnel: il s'impose à Crystal Palace, se permettant de devancer le grand Graham Hill dans son fief!.. Les débuts en Formule 1 sont plus hésitants mais les professionnels, pilotes, et autres spécialistes de la course sont unanimes: le garçon a du talent. Il confirme l'année suivante en remportant les 24 Heures du Mans et en s'affirmant comme un pilote très rapide, technique, offensif, qui se révèle particulièrement redoutable sous la pluie... Mais, malgré une première saison complète dans la catégorie reine dès 1965 et une excellente troisième place au classement général dès l'année suivante, Rindt reste un peu en dedans et n'arrive pas donner sa pleine mesure au moment de se frotter, dans son royaume, au gratin de la vitesse mondiale. Peut-être est-ce dû au manque de fiabilité du matériel: la Cooper Car Company, où il a signé en 1965, a des voitures trop lourdes dont les moteurs ne vont pas aller en s'arrangeant au fil du temps. Mais peut-être son caractère n'y est-il pas étranger non-plus...
Jochen Rindt est arrivé dans les paddocks avec sa personnalité franche et colorée, ses tenues excentriques (il n'hésite pas à porter fourrures et autres pantalons roses) et son agaçant talent dans à peu près tous les domaines de ce sport. Or, même si, à l'époque, la porosité était énorme entre les différentes catégories (il était très fréquent que les pilotes et leurs équipes concourent à la fois en F1, en F2, et dans les courses de fond), la Formule 1 demeurait la propriété dans anglo-saxons avec, en seigneurs de céans, d'une part l'anglais Graham Hill, le roi de Monaco (où il a remporté cinq Grand Prix), plein de maîtrise et de courage et dont la moustache "so british" faisait la légende; d'autre part l'écossais Jim Clark, le virtuose des circuits, à la classe insolente et au talent pur tel que beaucoup voient en lui le successeur naturel de Fangio (pratiquement son égal). Les deux hommes ont en commun un flegme et une classe toutes britanniques, particulièrement Clark, fils de paysan, homme humble et extrêmement discret en dehors des circuits (en comparaison Hill aime davantage les paillettes...). Les autres figures des paddocks sont quasiment tous des anglo-saxons, la plupart pleins d'expérience, comme John Surtees, Denny Hulme, et surtout l'australien Jack Brabham, pilier de ce petit monde dont l'exploit le plus invraisemblable est d'avoir réussi, après deux titres pilote en 1959 et 1960, à créer sa propre écurie...et à remporter une nouvelle fois le championnat du monde, en 1966.
Le cas Brabham est caractéristique d'un autre point de la course automobile des années '60: les constructeurs sont souvent des self made men qui ont réussi à créer de toutes pièces leurs voitures avec des moyens basiques souvent dérisoires... Le plus talentueux de tous est, sans aucun doute, Colin Chapman, créateur de la légendaire écurie Lotus dont les voitures, ultra-rapides, font des ravages sur les circuits. Ultra-rapides...mais dangereuses... Car la mort est omniprésente dans le milieu, à cette époque, et les pilotes ont rarement leur mot à dire quant à la sécurité de leurs véhicules. Jim Clark est le premier à commencer à s'en occuper après son deuxième titre mondial, en 1965. Mais, protégé de Chapman avec qui il entretient une relation quasi-filiale, il ne l'ouvre pas trop.
L'arrivée de ce gosse de riches autrichien au caractère flamboyant qui prétend se mêler de tout ne fait donc pas que des heureux et Rindt se voit, pour la première fois de sa vie, confronté à une vraie hostilité, particulièrement de la part des constructeurs et des responsables des circuits qui font la pluie et le beau temps dans les paddocks et les journaux spécialisés. Pourtant, il n'est pas, loin s'en faut, rejeté par tous: les pilotes, particulièrement _ qui le côtoient régulièrement _, l'apprécient très vite: il est drôle, bigrement talentueux, intelligent, et bien moins snob que l'apparence qu'il se donne. C'est principalement la nouvelle génération, résolument moins "aristocratique", qui le bade: aussi sûr de lui soit-il, Rindt n'a aucun préjugé de classe et vit sa jeunesse à fond, comme tous ces pilotes qui n'arrivent toujours pas à sortir de l'ombre oppressante de leurs aînés... Cette nouvelle génération, qui soit piaffe dans l'antichambre des catégories inférieures, soit est déjà sur les circuits de Formule 1 mais qui n'arrive pas à décrocher de vrais résultats, c'est Ronnie Peterson, François Cevert, Bruce McLaren, ou encore Emerson Fittipladi (plus tard, mais considérés comme faisant partie intégrante de cet âge d'or, nous aurons les Mario Andreti, les Jody Sckekter, les Roger Williamson, les James Hunt et autres Niki Lauda). En lien entre les deux, il y a deux hommes: le belge au visage d'ange Jacky Ickx, protégé de Ferrari et homme "du système"; et le gentleman écossais, grand ami de Clark, Jackie Stewart.
Si 1967 est, sur le plan sportif, une année pourrie pour Jochen Rindt (en tout cas en F1 car il brille encore dans les catégories inférieures), elle est néanmoins déterminante dans sa vie d'homme: il se fait, ou plutôt consolide, deux amitiés très fidèles qui ne le quitteront plus: un brillant manager de chez Cooper qu'il amène avec lui chez Brabhams _ où il est transféré à la fin de l'année _ et...Jackie Stewart avec qui il s'entend à la perfection malgré leurs caractères radicalement opposés. Mais surtout, en début d'année, le chemin de Jochen croise de nouveau celui de Nina. Presque par hasard. Mais, entre eux, la flamme se ranime très vite... Depuis leur séparation, ils ont changé: elle est plus patiente, plus conciliante; mais c'est surtout lui qui a changé: la gloire et la renommée lui ont, paradoxalement, apporté la modestie et il est, dans le privé, beaucoup plus attentionné, beaucoup moins "cassant", beaucoup plus à l'écoute. Leur passion, apaisée, est devenue un véritable amour, sincère et réciproque. Ils se marient en fin d'année et l'arrivée de ce superbe mannequin dans les paddocks ne tarde pas à faire les gros titres de la presse people. Mais la notoriété n'est pas ce que recherche Jochen Rindt: lui, il veut des résultats, des titres, et il semble que le chemin lui soit barré pour un moment, à lui et à tous les membres de la nouvelle génération... Tout va changer, de façon tragique, le 7 avril 1968...

6Histoires de sport Empty Re: Histoires de sport Lun 26 Aoû 2024 - 0:03

Sudena

Sudena

1968: l'année-charnière



En 1967, la domination des Brabham a été impressionnante sur les circuits de Formule 1, avec le titre obtenu par Denny Hulme devant son patron et leader Jack Brabham; domination en grande partie due à la fiabilité des voitures et des moteurs Repco. Avec cinq moteurs et quatre châssis différents, Lotus a vécu une année difficile...ce qui ne rend que plus extraordinaire la saison de Jim Clark, vainqueur de quatre Grand Prix (dont ceux de Zandvoort et de Silverstone) et troisième à à-peine quelques points des leaders. Le virtuose des circuits a de quoi râler des tâtonnements de son équipe en début de saison, tant la sienne a été magistrale dans toutes les catégories... Et il a de quoi être confiant au moment d'entamer la saison 1968: associé désormais à son rival Graham Hill, il dispose de la voiture la plus rapide du circuit avec _ enfin! _ des moteurs fiables. Il confirme d'entrée, à Kyalami, en remportant le vingt-cinquième Grand Prix de sa carrière, battant ainsi le record de Fangio. Jusqu'où le génial écossais serait-il allé sans la tragédie du 7 avril?.. Lors du championnat de Formule 2, à Hockenheim, loin des caméras, Jim Clark perd le contrôle de sa Lotus dans une ligne droite et percute un arbre de plein fouet. Il meurt sur la coup. Il avait trente-deux ans... L'onde de choc déclenchée par cette mort s'apparente à un tsunami et il faudra attendre vingt-six ans et vingt-trois jours pour retrouver un tel sentiment de deuil et de catastrophe absolue dans les paddocks de Formule 1. Aujourd'hui encore, Jim Clark est considéré comme l'un des plus grands pilotes de tous les temps et il est généralement l'un des trois les plus fréquemment cités pour décrocher ce titre par les spécialistes du sport auto, avec Juan Manuel Fangio et Ayrton Senna...
La tragédie d'Hockenheim bouleverse d'un coup la hiérarchie: c'est comme si une époque se terminait et si Graham Hill, sur Lotus, décroche finalement le titre "à l'expérience", la jeune génération entre de plain-pied dans la cour des grands avec des victoires décrochées par Jo Siffert, Bruce McLaren...et surtout Jackie Stewart qui termine deuxième du championnat et s'affirme comme la valeur la plus sûre dans un avenir proche...
Pour Jochen Rindt, l'année est difficile: les Brabham ont perdu de leur superbe, ont un mal fou à terminer les courses et, si Jochen aime beaucoup l'ambiance au sein de l'équipe, il sait que, s'il veut gagner, il lui faut trouver une autre écurie. Or, en fin d'année, Colin Champan lui fait une offre qu'il ne peut pas refuser: un salaire doublé et une place dans son équipe aux côtés de Graham Hill!..
On pourrait se demander pourquoi Chapman fait une telle offre à un pilote dont les résultat, dans la catégorie reine, sont si médiocres depuis deux ans... C'est que l'homme a du flair! il a bien vu, lui, les résultats de Rindt dans les catégories inférieures (notamment en endurance), il a noté la virtuosité de son pilotage, et il a vu que, malgré une voiture très en-dessous de ses espérances, il a quand-même décroché deux pole-positions au cours de la saison: ce n'est pas le talent qui manque au jeune homme, ce sont les moyens matériels pour lutter à armes égales!.. Chapman veut aussi s'assurer un deuxième pilote capable de lutter contre la concurrence féroce que commencent à lui imposer Matra (où Stewart est transféré en fin d'année), Brabham (équipé désormais de moteurs Ford Cosworth, bien plus fiables), ou McLaren: en fait, il cherche un nouveau Jim Clark...
Mais si, en terme de pilotage, le légendaire constructeur a eu le nez creux, il ne va pas tarder à déchanter en terme de relations personnelles et professionnelles... Car la révolution est en marche chez les pilotes! Une révolution menée par la nouvelle star de ce sport, Jackie Stewart, et à laquelle Jochen Rindt a bien l'intention de participer!..

7Histoires de sport Empty Re: Histoires de sport Mer 11 Sep 2024 - 8:19

Sudena

Sudena

Un rebelle



1969 est l'année de la révolte pour les pilotes de F1. La nouvelle génération prend les devants et, si l'irréprochable Jack Brabham décroche la première pole-position de la saison, c'est bien Jackie Stewart qui remporte le Grand Prix d'Afrique du Sud et s'affirme comme le favori de la saison... La révolution arrive au Grand Prix d'Espagne, et c'est Jochen Rindt qui la porte!.. Courant sur une Lotus 49B certes très rapide mais d'une fragilité extrême, il décroche la pole-position mais subit la rupture de son aileron au dix-neuvième tour, qui l'envoie dans les talenquères et le blesse gravement au visage. Il ne peut participer au Grand Prix de Monaco (remporté _ comme toujours _ par son coéquipier Graham Hill) et voit ses chances de titre compromises. Sauf que, pour la première fois de l'Histoire de la Formule 1, il ne s'en tient pas là et refuse d'accuser la fatalité!.. Dans une lettre ouverte largement reprise par la presse, il accuse Colin Chapman de l'avoir mis sciemment en danger, arguant que ses voitures sont trop légères, trop fragiles, et que, pour la première fois de sa vie, il se sent en danger malgré-lui dans une monoplace (il évoque aussi, pour accentuer sa bonne foi, plusieurs accidents qu'il a eus dans diverses catégories et dont il assume la pleine responsabilité). Ce n'est pas la première fois que Jochen joue les fortes-têtes: deux ans plus tôt, alors qu'il courait pour Cooper, il avait senti que son moteur allait le lâcher, une fois de plus: il avait donc volontairement provoqué une surchauffe afin de ne pas être surpris dans une zone dangereuse, de façon parfaitement ouverte et assumée auprès de son équipe, dont son mécanicien (un certain Ron Dennis...); mais, là, c'est la première fois qu'un pilote ose remettre en cause l'autorité et l'intégrité d'un directeur d'écurie, ce que Colin Chapman vit comme une trahison!.. Entre les deux hommes, la tension augmente très vite, et il faut que le manager de Rindt déploie des trésors de diplomatie pour ne pas l'acter et signer ainsi la fin de la carrière de son poulain et ami... Sauf que Jochen n'est pas le seul à prendre les armes contre le diktat des directeurs sportifs et des responsables des circuits! Le 8 juin, au Grand Prix de Spa-Francorchamp, Jackie Stewart découvre que les installations sont très loin de respecter les normes de sécurités minimales pour être acceptables. Il décide alors de boycotter la course et enjoint les autres pilotes à participer à cette grève. Rindt est l'un des premiers à lui emboiter le pas. Furieux, Colin Chapman engage immédiatement John Miles pour le remplacer, escomptant bien que Graham Hill, pilote expérimenté et champion du monde en titre, n'aura pas l'audace de refuser un Grand Prix. Et c'est exactement l'inverse qui se passe!.. Hill, loin de condamner l'attitude de son coéquipier Rindt, se joint à lui et participe à la grève des pilotes! Le chaos est complet et, malgré la probité de Jacky Ickx, le Grand Prix est annulé. Ce coup de force est la première victoire remportée par les pilotes sur les responsables se moquant presque ouvertement de leurs vies. Mais les esprits les plus éclairés le savent: pour opérer une révolution en profondeur, il va falloir du temps et des personnalités autrement moins "concernées" que les coureurs...
Car _ et Ickx, garant du système, en est parfaitement conscient... _ les pilotes, devant le bruit des moteurs et la perspective d'une course, sont pris d'un réflexe pavlovien: ils ne peuvent pas résister à l'appel de la vitesse et choisiront toujours une voiture dangereuse mais potentiellement gagnante à l'inverse... C'est pour cette raison que les relations entre Jochen Rindt et Colin Chapman sont tendues mais acceptables _ bien aidées certainement par le remarquable manager de l'autrichien... _ alors que celles entre le constructeur et Nina Rindt deviennent très vite plus que mauvaises: exécrables...

Avec cinq victoires, Jackie Stewart remporte aisément son premier titre de Champion du Monde de Formule 1, loin devant Jackie Ickx et Bruce McLaren. Rindt, avec quatre pole-positions, une première victoire en carrière (à Watkins Glen) et une quatrième place plus que méritoire eu égard à sa blessure et à la fragilité de son matériel, s'affirme comme le principal challenger de l'écossais pour l'année suivante. Le Grand Prix le plus mémorable de cette saison fut celui de Monza, le 7 septembre: ce fut une course 'd'aspiration" où Stewart battit in-extremis Rindt dans le dernier tour. Ce Grand Prix fut symbolique de la rivalité entre ces deux nouvelles étoiles de la course automobile, car Rindt aurait certainement pu le gagner, mais il lui aurait fallu, pour ça, défendre de façon "sale" et mettre ainsi en danger Stewart et les autres pilotes. Or, Rindt refusait absolument cet écueil...et Stewart le savait. La confiance entre les deux était absolue (Stewart dira plus tard que seuls deux pilotes lui avaient inspiré une telle confiance: Rindt...et Clark), et elle se ressentait également en dehors des circuits. Jochen et Nina devinrent parents cette année-là, pour leur plus grand bonheur à tous les deux. Entre le manager de Jochen, Piers Courage, et le couple Stewart, Jochen et Nina Rindt nageaient dans le bonheur malgré les tensions autour de la sécurité de la Lotus du pilote (la 72B était annoncée et semblait franchir un nouveau pallier par-rapport à la 49B: plus rapide, plus fiable au niveau mécanique...mais hélas tout aussi dangereuse...). Les deux amants passaient tellement de temps avec Jackie et Helen Stewart que les enfants de ces-dernier avaient appelé Rindt "oncle Jochen"... 1970 s'annonçait comme la confirmation; l'année décisive. Elle le fut...dans tous les sens du terme...

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